2005 – Annie Gilbert, l’alchimiste du bleu.
Qui n’a jamais vu les toiles d’Annie Gilbert n’a jamais vu de bleu. L’artiste sait à ce point peindre le ciel qu’elle lui donne comme une consistance...
Il est des nouvelles, comme ça, qui vous mettent le cœur en joie. Savez-vous, vous qui avez eu l’occasion de croiser les ciels d’Annie Gilbert aux cours d’expositions, et vous qui bouillez de n’avoir jamais eu cette chance, que les Cieux vous ont entendus ? A Chavagnes-en-Paillers, commune où elle réside, l’artiste vient d’ouvrir un superbe atelier lumineux, admirablement aménagé, pensé jusque dans les moindres recoins… et rempli de ses toiles.
Ces ciels où se cache la vie
Dès l’entrée, l’effet est saisissant. Se dresse devant vous un immense escalier aux lignes épurées, qui n’a de présence que par la fonction même de vous amener plus haut. Et là, c’est l’explosion ! Les toiles d’Annie Gilbert habillent, drapent les murs tant ceux-ci sont blancs et sobres. Des bleus, des bleus… et surtout une ambiance. Celle de l’enfance, de ces souvenirs flous que l’on garde en mémoire et que l’on caresse de temps à autre avec le même regard insouciant des jeunes années. Un visage, un geste, un bord de mer rejoignent dans votre cerveau leurs pairs emmagasinés, dont certains que vous pensiez oubliés. Quand les cerf-volants zèbrent l’azur, votre inconscient s’élève, creuse le ciel et trace sa route sur les chemins des souvenirs d’enfance. Toutes les toiles d’Annie Gilbert ne regorgent pas de bleu, mais souvent, et dans une démesure qui malmène le principe même du « un tiers ciel, deux tiers paysage » puisqu’elle inverse cette constante, on se dit que cette artiste, dans son enfance, a dû passer bien des heures, à analyser, décortiquer, apprivoiser la composante même du bleu ciel. Dans ses rêves d’enfant trop sage, la vie s’y trouvait, l’espoir aussi, une manière d’aller plus loin que sa petite existence clouée au sol. « Dès l’enfance, j’ai toujours cherché à embellir la vie, à en surdimensionner le positif pour supporter les moments plus tristes », reconnaît Annie Gilbert.
La vie en bleu
Et par chance, la jeune Annie se découvrira rapidement un don pour la peinture, ce qui deviendra sa façon à elle d’exprimer ce besoin viscéral de ne s’intéresser qu’à ce que la vie peut offrir de beau, notamment ses couleurs. Devenue adulte, elle s’inscrira en 1982 à l’école d’art municipale de La Roche-sur-Yon. Entre 1983 et 1993, elle ouvrira et animera un atelier de dessin et peinture pour enfants et adultes à Chavagnes-en-Paillers même. De 1993 à 1998, dans le cadre de ses activités professionnelles (animatrice-éducatrice en internat), elle initiera les élèves à diverses pratiques artistiques. L’année 2000 marquera un tournant. Elle participe à l’atelier animé par Guy Bugeau et décide de s’investir personnellement dans la peinture pour créer ses propres œuvres en s’inspirant de ses voyages et de ses souvenirs enfantins, bien sûr. Poursuivant résolument ce but, elle sera l’élève de Pierre Le Cars en 2001 et 2002. De ce jour, les expositions vont se suivre, où elle décrochera régulièrement des prix. Mais ce n’est pas là ce que l’artiste recherche au travers de la peinture. Par l’entremise de ses toiles, elle est persuadée qu’elle peut apprendre à mieux se connaître et, en lui offrant le bleu du ciel, consoler la petite fille parfois si triste qui pleure au fond de sa mémoire.